3.10.05
Faire sortir son blog du lot
Parmi les milliards de mots inscrits dans les millions de blogs publiés de par le monde, qu’est-ce qui fait ressortir l’un d’entre eux de la masse ? Qu’est-ce qui peut mettre un blogger sous le feu des projecteurs, qui fait revenir les lecteurs jour après jour, qui suscite les éloges de la presse ?
Un vrai lien avec ses lecteurs. Les blogs les plus lus sont ceux dont les lecteurs, qu’ils soient 10 ou 10 000, sentent qu’ils partagent quelque chose avec leurs auteurs. Le blogger va entretenir ce lien en les distrayant ou en les instruisant sur un sujet ou un autre. Même si, pour beaucoup, il existe une réelle différence entre les « posts » publiés sur un blog et les autres formes d’écriture (qu’il s’agisse d’articles de journaux, de littérature ou de publicité), bloggers, écrivains et journalistes ont bel et bien le même objectif : captiver le lecteur et ne pas le lâcher.
Certains des bloggers présentés dans ce guide - Chan’ad Bahraini, au Bahreïn, Yan Sham-Shackleton à Hong Kong et Arash Sigarchi en Iran - vivent dans des pays où les gouvernements surveillent de très près ce qu’ils écrivent. Le monde aussi est à l’affût de ces publications, trop content de lire ce que la presse locale n’ose pas raconter. Là où la liberté de parole et la liberté de la presse sont en danger, les bloggers sont un lien important avec la réalité quotidienne des gens. Les photos qu’ils prennent, les histoires qu’ils racontent, sont essentielles.
Mais pourquoi ces blogs et certains autres sortent-ils du lot ? Vous trouverez ici quelques-unes de leurs principales qualités, qui les distinguent des millions de blogs présents sur la Toile.
Un ton personnel
Les meilleurs bloggers sont ceux qui ont trouvé une voix originale, qui expriment leur identité propre et racontent des histoires qui ont une réalité pour eux. Le blog est au départ un journal personnel en ligne, ce qui signifie qu’il n’a rien d’académique et qu’il ne cherche pas à avoir le ton neutre d’une dépêche d’agence. Chan’ad Bahraini est le pseudonyme d’un blogger asiatique vivant dans un pays majoritairement arabe, Bahreïn, ce qui lui donne une vision inhabituelle des événements qui s’y déroulent. Yan Sham-Shackleton est une artiste ayant vécu dans diverses régions du monde et participé à un mouvement de protestation contre les autorités chinoises lorsqu’elles ont décidé de bloquer le site de blog TypePad. Elle connaît d’autant mieux la question que, quelques années plus tôt, elle aidait elle-même les autorités à filtrer le Net en Chine.
L’actualisation
Le plus gros problème de l’immense majorité des blogs est qu’ils ne sont pas actualisés. La plupart des gens ne sont pas payés pour tenir leur blog et ont du mal à intégrer l’écriture et la publication de messages dans leur routine quotidienne. Nombreux sont ceux qui lancent un blog, mais qui n’ont jamais le temps de le mettre à jour. La réussite d’un blog nécessite d’écrire régulièrement sur ses centres d’intérêts, si possible en suivant l’actualité. Cela ne veut pas dire qu’il faille écrire douze fois par jour, mais en quelques semaines de silence, un blog peut perdre son lectorat.
Donner la parole aux lecteurs
Ce qui fait ressortir un blog du lot, c’est également son interactivité. Il existe de nombreuses façons d’engager la conversation avec ses lecteurs, de les faire s’exprimer et d’utiliser leurs commentaires. Vous pouvez, par exemple, organiser un sondage en ligne, donner votre adresse électronique, ou autoriser les commentaires sous chaque « post ». Jeff Ooi a reçu des menaces des autorités malaisiennes à cause d’un commentaire posté par l’un de ses lecteurs. A la suite de cette affaire, au lieu de retirer tous les commentaires en ligne, il a décidé d’assumer le rôle de modérateur et de s’assurer que ses lecteurs ne débordent pas du sujet débattu et restent responsables de leurs écrits. Il a par ailleurs lancé un blog en chinois intitulé « Le pilote de ferry » afin de construire un pont entre les univers des blogs malaisiens et chinois.
Parler franchement aux autorités
Si de nombreux blogs se contentent de commenter l’actualité, certains affichent aussi de véritables reportages. Il n’existe pas de recette en la matière, mais des reportages directs sur des événements ou un angle de vue spécial sur ceux-ci peuvent rendre un blog plus intéressant. Chan’ad Bahraini a publié des photos et une bande audio sur des manifestations à Bahreïn au cours desquelles un militant a été emprisonné en novembre 2004. Arash Sigarchi a, quant à lui, été arrêté en Iran et condamné à 14 ans de prison pour avoir protesté contre l’interpellation d’autres journalistes par le gouvernement. Ce qui est important, c’est que ces bloggers et beaucoup d’autres ont eu le courage de faire face collectivement, en tant que blogosphère, et ont parlé franchement aux autorités qui auraient volontiers caché la vérité.
Mark Glaser
Mark Glaser est journaliste pour Online Jounalism Review, une publication de l’Annenberg School for Communication de l’université de Southern California. Il est indépendant et travaille à San Francisco. Vous pouvez lui écrire à glaze@sprintmail.com.
Cet article est repris du site : Reporters sans frontière
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